Domenech :"Une vraie équipe"
Domenech :"Une vraie équipe"
10/07/2006
Propos recueillis par FREDERIC WARINGUEZ
De Sports.fr, à Berlin
Plus que de l'abattement, c'est un certain dépit qui caractérisait Raymond Domenech après cette finale de Coupe du monde perdue aux tirs au but contre l'Italie. Le sélectionneur tricolore, qui s'est refusé à évoquer son avenir personnel, a salué la performance de son équipe avant de revenir bien évidemment sur un tournant important du match, l'expulsion de Zidane. Plus que le geste du capitaine tricolore qu'il n'a pas vu, Domenech a souligné surtout le comportement provocateur de Materazzi et la décision inédite de l'arbitre.
Sitôt autour du cou, Domenech s'est débarrasée d'une médaille au goût amer.Quel est votre état d'esprit quelques minutes après la fin du match ?
C'est une grosse déception. Il n'y a pas d'autres mots. Si d'autres mots plus forts existent...
L'expulsion de Zidane a-t-elle été déterminante dans l'issue de cette finale?
Déjà, la sortie de Patrick Vieira, sur blessure, avait été un élément important. Après l'expulsion de Zinedine, on se retrouve à dix alors qu'on avait le match en main. C'est dommage. Pour moi, ces deux faits marquants ont été déterminants avant les tirs au but. Sur la deuxième mi-temps et dans la prolongation, le seul espoir des Italiens était d'arriver aux tirs au but.
Quel est votre sentiment sur le carton rouge infligé à Zidane?
On vient d'instaurer l'arbitrage vidéo! C'est le quatrième arbitre qui a dit qu'il avait vu quelque chose. Le juge de touche, lui, n'avait rien vu. Vive la vidéo dans le foot!
Savez-vous ce qui s'est passé entre Zidane et Materazzi?
Je ne sais pas ce que Materazzi a dit à Zidane. Ce que je sais c'est que l'homme du match, ce n'est pas Pirlo, c'est Materazzi qui a marqué un but et qui a provoqué l'expulsion de Zidane! C'est dommage et triste. Je trouve qu'il a fait beaucoup de cinéma. Un grand gaillard comme lui qui tombe sur un coup de vent... Le geste est inutile s'il a lieu. Je le regrette. Je ne l'ai pas vu.
"Pour le moment, il n'y a que la déception..."
Zidane s'est-il excusé dans le vestiaire vis-à-vis de ses coéquipiers?
Je n'ai pas pour habitude de dévoiler ce qui se passe à l'intérieur du groupe, dans le vestiaire. Je ne parle pas à la place des joueurs.
Avez-vous des reproches à faire à vos joueurs?
Non, aucun reproches. Ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient. Cela n'a pas été suffisant pour battre l'Italie. On a pris un but sur coup de pied arrêté. On savait que le danger pouvait venir de là. Et on n'a pas réussi à marquer malgré pas mal de bonnes situations. On s'était préparé comme il fallait pour être au top. Même dans la prolongation du dernier match, on était au-dessus.
Quels ont été vos mots dans le vestiaire?
Je leur ai dit que, au-delà de la déception logique et naturelle, il fallait garder l'état d'esprit qui a été le leur pendant cette Coupe du monde qui leur a permis de comprendre ce qu'était une vraie équipe de football capable d'aller loin dans n'importe quelle compétition.
Vous perdez la Coupe du monde sans avoir été battu. Est-ce une satisfaction?
Les Suisses non plus n'ont pas été battus. Mieux, ils n'ont pas pris un but. Mais je préfère être allé en finale. Pour le moment, il n'y a que de la déception. On ne peut pas être content après une finale perdue, même si c'était aux tirs au but, même si on a vu qu'on avait la place pour gagner.
Allez-vous rester à la tête de la sélection tricolore?
J'ai décidé de partir en vacances. Le Conseil fédéral se réunit le 11 juillet. Vous saurez ce qui a été décidé. Mais ce n'est pas d'actualité aujourd'hui. C'est le dernier de mes soucis. Mon avenir n'a strictement aucune importance.
"Materazzi n'y est pas pour rien..."
Ce dernier carton rouge reçu par Zidane, restera-t-il comme une marque indélébile dans sa carrière?
C'est triste quand un grand joueur termine sa carrière par une expulsion. D'autant qu'il a fait une grande Coupe du monde. J'aurais préféré le sortir à cinq minutes de la fin pour qu'il reçoive l'ovation qu'il méritait. Mais ce carton, Materazzi n'y est pas pour rien. Zidane n'a pas décidé de réagir comme ça pour sortir parce qu'il était fatigué. Il s'est passé quelque chose, c'est évident. Quoi? Je n'en sais rien.
Malgré cette finale perdue, éprouvez-vous néanmoins de la fierté d'avoir réussi à hisser cette équipe si loin?
Dans deux ou trois jours peut-être... Quand j'aurai eu le temps d'oublier cette déception. Les autres sentiments viendront peut-être avec le temps. A l'heure actuelle, il y a seulement une immense déception.
Huit ans après, Chirac reçoit Zidane et les Bleus à l'Elysée...
pour le Stade Sportif Gafsien (Kamel39)
Accueil 
