Zidane superstar
02/07/2006
Si le Brésil alignait onze stars samedi soir sur le terrain, celle qui brillait le plus était sans aucun doute du côté tricolore. Zinédine Zidane a, une fois encore, illuminé la rencontre par sa classe, sa technique et sa clairvoyance sans pareille. A 34 ans, le meneur de jeu français a prouvé qu'il était toujours l'un des meilleurs joueurs du monde en livrant une prestation géniale. Au milieu de Ronaldinho, Ronaldo, ou encore Kaka, la star, à Francfort, c'était bien Zizou. Pour sa retraite, il faudra encore patienter...
Zidane veut aller jusqu'au bout."Pas mal pour un mec de 72 ans...", plaisantait Willy Sagnol quand on lui demandait de commenter la performance de Zizou contre l'Espagne. On a connu en effet des pré-retraités en plus mauvais état. Car Zinédine Zidane a tout simplement été étincelant face au Brésil, en quart de finale de la Coupe du monde. Le Brésil, un adversaire qui inspire décidément celui qui a grandi à la Castellane. Après son historique doublé du 12 juillet 1998, Zizou a semblé retrouver une deuxième jeunesse, huit ans plus tard, face à Ronaldinho et consorts... Il était partout, intenable. Génial.
Ce match, qui aurait pu être le dernier de sa carrière –qui ne l'a pas pensé à l'heure où la France rencontrait le grand Brésil, ultra-favori de ce Mondial ?-, Zidane l'a fait sien en étant un parfait chef d'orchestre d'une équipe de France à la fois inspirée et rigoureuse, travailleuse et joueuse. Le joueur exceptionnel qu'est Zidane, à l'heure de raccrocher ses crampons, entend finir en beauté sa carrière. Il l'avait déjà démontré face à l'Espagne, il l'a confirmé contre le Brésil contre qui il a été irrésistible.
"Ce qu'il a fait ce soir, c'est magique, commentait Marcel Desailly quelques instants après le coup de sifflet final. "Il avait envie. Il sait qu'il va s'arrêter après. Il donne tout." Comment ne pas être admiratif devant la générosité de l'ex-joueur du Real Madrid, au pressing de la première à la dernière minute du match ? En vrai leader, on l'avait vu, avant le coup d'envoi, haranguer ses coéquipiers. Des images rares d'un Zidane agressif dans le ton, capable de motiver ses troupes par les mots et pas seulement en montrant l'exemple sur le terrain. Zidane, un vrai capitaine.
Et Zidane a enfin trouvé Henry!
Dès le coup d'envoi, le ton était néanmoins donné sur le pré. Après vingt secondes de jeu, le meneur tricolore récupérait un premier ballon dans le rond central, il effaçait deux joueurs d'une roulette dont il a le secret avant d'en mettre un troisième dans le vent sur un passement de jambes et de lancer une première fois Thierry Henry. Hyper-actif, physiquement à son meilleur niveau, motivé comme jamais, le capitaine des Bleus était partout. Son allant encourageait même les supporters français, pourtant largement minoritaires à Francfort, à donner de la voix. Et ils se faisaient entendre !
Zidane a terrassé le Brésil.Les supporters brésiliens, eux, étaient sans voix quand Zizou enrhumait Kaka en deux jongles puis lançait Malouda dans la foulée d'un extérieur génial (28e) ou encore quand il effaçait Ronaldinho, le meilleur joueur du monde, d'un simple crochet (41e). Quatre minutes plus tard, c'est encore Zidane qui slalomait dans le rond central et lançait Vieira qui filait seul au but avant d'être fauché par Juan. Zidane encore qui, sur un premier coup-franc, alertait Henry dont la tête passait au-dessus du but de Dida (46e). Une première tentative avant que n'arrive cette 57e minute et ce coup-franc transversal qui trouvait Henry, seul au deuxième poteau pour le but qui allait être celui de la victoire. La première passe décisive de Zizou pour Henry ! Incroyable mais vrai !
Abidal: "Il me fait rêver"
Un Zidane sur un petit nuage qui aura réussi tout ce qu'il a entrepris, forçant l'admiration jusque chez ses adversaires. Avant le match, au moment d'entrer sur la pelouse, on l'avait vu particulièrement détendu, notamment avec Roberto Carlos et Ronaldo, ses partenaires du Real Madrid, à l'inverse de ce qui s'était passé avant le huitième contre l'Espagne. Zizou qui, malgré ces démonstrations d'amitié, n'allait pas se montrer particulièrement tendre avec ces deux-là en les gratifiant chacun leur tour d'un petit grigri maison, un contre-pied sur Roberto Carlos, un petit lob au-dessus de Ronaldo, qui mettaient les deux Brésiliens à l'amende... Du respect, voilà ce qu'inspire plus que jamais Zidane à ceux qui ont la chance d'évoluer à ses côtés, avec ou contre lui, comme en témoigne cette étreinte à la mi-temps avec Robinho et Cicinho tous les deux désireux de récupérer le maillot de l'icône française.
Après le match, tout le monde parlait de Zidane mais c'estv Eric Abidal qui lui rendait le plus bel hommage: "Zidane? Pour nous tous il est extraordinaire. Tout le monde va au casse-pipe pour lui car on sait qu'il va s'arrêter. Avant que je sois pro il me faisait rêver. C'est encore le cas.... Bien que parfaitement conscient de la performance de haut vol de son capitaine, Raymond Domenech allait prendre, lui, bien soin de ne pas y attacher plus d'importance que ça. "C'est Zidane ! Ça a l'air de vous étonner. On sait bien ce qu'il est capable de faire. Mais ce soir, ce n'était pas Zidane et les autres, c'était Zidane parmi les autres."
Elu homme du match -c'était bien le moins- l'intéressé n'était pas décidé à se répandre plus que ça en paroles. C'est sans un mot qu'il recevait son trophée avant de s'éclipser. Seul Canal+ aura eu les honneurs d'une réaction du maître: "C'est énorme. Il fallait faire un match énorme, on l'a fait. Il fallait tenir défensivement, jouer bien regroupé. On mérite notre victoire. On va essayer d'aller chercher cette place en finale. On n'a pas envie de s'arrêter là. C'est tellement beau qu'on a envie de continuer. On veut aller au bout.". Aller au bout comme en 1998, cela apparaît désormais plus que jamais possible. Zidane adore les remakes. Comme en 1998, il a commencé le Mondial dans la douleur et comme en 1998, il apparaît comme transcendé au fur et à mesure de la progression dans la compétition. L'histoire est toujours en marche.
Bravo ZIZOU et Bravo la France
pour le Stade Sportif Gafsien (Kamel39)